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Module 3 – Comment intervenir

MISE EN SITUATION 3 – Un groupe de gars et une photo intime

Vous êtes intervenant.e dans un local pour jeunes (18-25 ans). Vous entendez une conversation entre 3 gars amis. L’un montre aux deux autres son cellulaire qui affiche une photo d’une fille nue après l’acte sexuel et dit:

Hey les gars, regardez la nouvelle bombe que je me suis pognée hier soir!!! J’en reviens pas de m’être ramené une fille aussi belle!!

(Selon les informations que vous irez chercher pour explorer davantage la situation-problème, il est possible que cette réponse change en cours d’évaluation.)

Vous devez vérifier si l’intention du jeune est d’humilier la fille. Dans ce cas-ci, l’intention du jeune n’est pas d’humilier la fille mais d’élever son propre statut auprès de ses pairs, sans nécessairement penser à faire du mal à la fille. Il serait aussi pertinent d’explorer avec le jeune la notion du consentement de la fille; voudrait-elle que l’on montre sa photo à d’autres personnes? Ces éléments peuvent nous aider à juger de l’intention du jeune. (Intentionnalité)

Vous pouvez valider avec le jeune afin de savoir si c’est la première fois qu’il partage une photo de cette fille sans son consentement. Dans le cas où ce serait la première fois et qu’il n’a pas l’intention de poursuivre la diffusion, on peut supposer que ce n’est pas répétitif et que l’image ne sera pas non plus diffusée sur une plate-forme web qui permettrait le partage. On peut donc conclure que la situation présentée ne représente pas de facteur répétitif. Il y a, par contre, sujet à intervention auprès de ces jeunes hommes en ce qui concerne la notion du consentement et des risques qu’ils courent légalement en cas de poursuites légales. (Action répétitive)

Peut-on inscrire cette relation dans des rapports plus globaux? Sommes-nous en présence d’une dynamique de rapports homme/femme inégaux où le copain prend le pouvoir sur sa copine? Il s’agit d’un rapport pouvant s’inscrire dans la construction des rapports hommes/femmes. On peut croire que l’action de dévoiler le corps d’autrui, d’une jeune femme, dans le but de rehausser l’estime dont jouit le jeune homme peut être inscrit dans la construction des rapports inégaux hommes/femmes. (Présence de rapports inégaux)

Que faites-vous comme intervention?

1) J’interromps les gars et je vérifie si la fille a autorisé la diffusion de sa photo. J’en profite pour parler des notions de consentement et de cyberviolence.
On peut parfois avoir tendance à vouloir rapidement identifier ce que le jeune nous amène comme de la violence et à la dénoncer. «Ce que tu fais là c’est de la violence, ce n’est pas correct de montrer ces photos. Que dirait la fille si elle savait que tu montres ces photos?» Certains jeunes pourraient rompre la communication avec nous si le sujet est abordé sur le moment. Il est important d’intervenir auprès des jeunes en les accompagnant dans leur prise de conscience de l’impact de leur geste sur la fille et de leur motivation à partager entre eux ce genre d’images intimes sans le consentement de la personne concernée, si c’est le cas.
2) J’écoute, mais n’étant pas dans la conversation, je préfère retenir cette information pour faire un atelier sur la cyberviolence et le consentement.
Certains jeunes pourraient rompre la communication avec nous si le sujet est abordé sur le moment. Il est important d’intervenir auprès des jeunes en les accompagnant dans leur prise de conscience de l’impact de leur geste sur la fille et de leur motivation à partager entre eux ce genre d’images intimes sans le consentement de la personne concernée. Il n’est pas toujours stratégique d’intervenir sur le coup, mais il est primordial de revenir sur la situation dont nous avons été témoin afin de démontrer aux jeunes notre positionnement sur leurs actions, creuser avec eux leurs motivations et accompagner leurs réflexions.
3) Je me joins à la conversation pour mieux comprendre les motivations du jeune homme de partager cette information avec les autres.
Se joindre à la conversation est parfois possible selon la relation qu’on a avec les jeunes. Il est aussi intéressant d’impliquer un intervenant masculin dans une intervention individuelle ou de groupe afin d’aborder la question sous un angle différent et permettre aux jeunes de s’exprimer sans retenu afin d’explorer leurs motivations profondes, ainsi que les questions de l’identité masculine, de l’estime de soi, etc. L’intervention pourrait aussi viser à déconstruire les archétypes sociaux pouvant amener les jeunes hommes à se valoriser à travers l’utilisation du corps des femmes.