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Module 3 – Comment intervenir

MISE EN SITUATION 1 – Relation de couple

Vous animez chaque semaine un groupe de jeunes femmes. Avant le début de l’animation, vous prenez du temps pour discuter avec elles de comment a été leur semaine. Vous remarquez qu’une jeune que vous connaissez depuis plusieurs mois ne semble pas se mêler aux conversations et est absorbée par son cellulaire. Vous l’interpellez pour savoir si tout va bien. Elle vous explique alors que c’est son copain qui «gosse» encore. Elle vous montre ensuite ce texto envoyé par son copain:

Salut…je te dérange pas trop?!!?…Je te gage que tu es trop occupée avec tes amis pour me répondre…tk, BONNE SOIRÉE!

(Selon les informations que vous irez chercher pour explorer davantage la situation-problème, il est possible que cette réponse change en cours d’évaluation.)

Vous devez obtenir davantage d’information à savoir si le copain a l’intention de contrôler sa copine. (Intentionnalité)

Vous devez vérifier s’il s’agit de la première fois que le copain s’adresse à elle de la sorte ou s’il s’agit d’une pratique courante au sein du couple. (Action répétitive)

Pouvez-vous inscrire cette relation dans des rapports sociaux plus globaux? Sommes-nous en présence d’une dynamique de rapports homme / femme inégaux où le copain prend le pouvoir sur sa copine? Il s’agit d’un rapport pouvant s’inscrire dans la construction des rapports hommes / femmes. (Présence de rapports inégaux)

Elle se demande comment réagir et vous demande votre avis, que faites-vous?

1) Je lui demande de mettre son cellulaire de côté et de profiter de ce moment pour être en groupe.
Votre jugement basé sur votre connaissance de la dynamique de la jeune et de votre lien avec elle est très important dans votre intervention. Vous pouvez parfois préférer ne pas intervenir directement sur la situation dépendamment de la relation d’intervention que vous avez avec la jeune. Il est essentiel que vous prennez un temps d’écoute pour recevoir ce que la jeune vit (attitude d’empathie et de non jugement), lui offrir votre soutien et lui proposer une aide concrète si nécessaire. Cependant, vous devez juger de l’urgence et du moment approprié pour mener l’intervention.
2) Je lui suggère de prendre un temps après le groupe pour en discuter.
Vous ne pouvez pas toujours mettre en suspend l’objectif du groupe pour laisser la place à l’expression d’un besoin individuel d’une jeune. Par contre, sans nier sa situation vous pouvez lui offrir un deuxième moment annoncé pour prendre le temps nécessaire et explorer ses émotions par rapport au geste et son rapport avec son copain. Il est possible que le groupe ne soit pas le meilleur espace pour en parler, par exemple si vous savez que la meilleure amie de son copain est parmi le groupe. Plusieurs éléments sont à considérer, les contextes et les interventions possibles sont multiples. Il faut explorer le rapport avec l’autre et comment il s’insère dans la vie des jeunes. Sinon, vous pouvez risquer de vous trouver dans un positionnement moral (tu devrais le quitter, ce qu’il te dit n’est pas acceptable, c’est du contrôle, etc.) et les jeunes se sentent jugés. On pourrait plutôt demander «Comment ça se passe entre vous?»
3) Je lui propose, si elle est à l’aise avec l’idée, de partager son questionnement avec les autres filles présentes.
Si vous décidez d’intervenir en proposant une collectivisation de la situation vécue par la jeune, vous devez tenir compte des limites de la jeune, de sa volonté de se prêter à l’exercice et de l’intention de celle-ci à partager sa situation (ventiler, réfléchir, agir, etc.) ce qui aidera à déterminer l’objet de notre intervention. De plus, selon le lien que vous avez avec la jeune vous pourriez soutenir la jeune dans sa prise de parole et amener le groupe à partager leurs expériences respectives afin de dépersonnaliser la situation, déculpabiliser la cible et apporter une réflexion et des pistes de solutions collectives.