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Module 3 – Comment intervenir

MISE EN SITUATION 7 – Une mère et les photos intimes de sa fille

La mère d’une jeune qui fréquente votre organisme a informé une intervenante que sa fille était victime de chantage de son ex-chum. La jeune fille a transmis des photos d’elle dénudée quand ils étaient ensemble et son ex a demandé à ce qu’elle redevienne sa blonde sinon il allait diffuser les photos. Or, depuis deux jours, les images circulent sur les téléphones portables des jeunes à l’école et sur Facebook.

Vous devez vérifier si l’intention du chum et d’autres jeunes est d’humilier la fille. Dans ce cas-ci, on peut croire que l’ex-chum a agi de manière délibérée pour nuire à son ex-copine. (Intentionnalité)

Les photos circulent à l’école et sur Facebook, elles ont donc été partagées plusieurs fois à travers différents médias. Il y a donc présence de répétition. (Action répétitive)

Peut-on inscrire cette relation dans des rapports sociaux plus globaux? Sommes-nous en présence d’une dynamique de rapports homme/femme inégaux où l’ex-chum veut prendre le pouvoir sur sa copine? L’action de dévoiler le corps d’autrui, d’une jeune femme, dans le but de se venger, de l’humilier, d’atteindre à sa réputation et à son intégrité s’inscrit dans la construction des rapports inégaux hommes/femmes. (Présence de rapports inégaux)

Que faites-vous comme intervention?

1) Je demande à rencontrer la jeune afin de voir avec elle comment elle se sent et lui offrir des pistes d’actions concrètes, respectant son rythme et ses limites.

Pour bien accueillir la jeune, voici des éléments à considérer: assurer sa sécurité (son ex a-t-il déjà eu recours à d’autres formes de chantage ou d’agression?) Comme pour toute intervention, on pense à créer un climat de confiance:

  • prendre le temps d’écouter;
  • prendre le temps de comprendre;
  • la rassurer sur la confidentialité;
  • réduire l’anxiété et le stress de la jeune;
  • ne faire aucune remarque désobligeante;
  • ne pas lui dire quoi faire.

Quand vient le moment de penser aux solutions, il est essentiel d’inclure la jeune dans le développement des pistes d’intervention, peu importe les autres acteurs à interpeller. On met ainsi la jeune au centre de l’intervention afin de lui redonner du pouvoir sur la situation. De cette façon on démontre que l’on considère et reconnaît ses forces et son point de vue dans la recherche de solution.

2) Je propose à la jeune de l’accompagner au poste de police afin de porter plainte.

L’ex-chum a commis une infraction appelée ‘publication non consensuelle d’une image intime’. Une personne qui publie des images intimes d’un mineur pourrait aussi être accusée de distribution de pornographie juvénile. L’accompagnement de la jeune et du parent dans ce processus peut s’avérer être utile afin de démystifier le processus, s’assurer du respect du rythme de la jeune et de ses droits dans l’appareil judiciaire.

3) Je suggère à la mère d’accompagner sa fille à l’école afin de signaler l’événement et de voir avec eux le protocole en place pour ce genre de situation.

La responsabilité de l’école

La loi oblige chaque école à avoir un plan d’action pour prévenir et combattre l’intimidation et la violence. Ce plan doit prévoir comment

  • prévenir l’intimidation;
  • signaler les cas d’intimidation;
  • assurer la confidentialité des plaintes et des renseignements;
  • agir lorsqu’un cas est signalé par un élève, un professeur, un ami, etc.;
  • soutenir les élèves qui vivent une situation d’intimidation en tant que victime ou témoin.

Le plan est distribué aux parents. Les élèves doivent aussi avoir une formation sur l’intimidation et connaître les sanctions qui peuvent s’appliquer.

La responsabilité des membres du personnel

  • Les membres du personnel d’une école doivent protéger les élèves de la violence et de l’intimidation.
  • Dans une école publique, le directeur a la responsabilité de recevoir les plaintes qui concernent la violence et l’intimidation et d’avertir les parents.
  • Dans une école privée, un membre de la direction est chargé d’avertir rapidement les parents d’une situation d’intimidation et de leur expliquer les mesures qui seront prises.

Les conséquences pour les intimidateurs

Le plan de lutte contre la violence et l’intimidation doit aussi prévoir des conséquences pour les élèves qui posent ce type de gestes. Les sanctions doivent être liées à la gravité des gestes. Cela peut aller des retenues et des lettres d’excuses à la suspension, voire à l’expulsion de l’école.

Attention! Les cas les plus graves d’intimidation ou de violence peuvent être des actes criminels. Dans ces cas, la police va intervenir.

Informations tirées de: https://www.educaloi.qc.ca/jeunesse/capsules/lintimidation-et-la-violence-lecole