Module 3 – Comment intervenir
Points à retenir des mises en situation
Il n’y a pas d’intervention unique, il y a dans l’intervention une multitude de considérants. On se rappelle que:
L’intervention face à la cyberviolence ne diffère pas de celle face aux autres enjeux, notamment la violence. Donc on peut faire appel à nos outils d’intervention existants. Cette formation vise à renforcer la capacité des intervenant.e.s d’intervenir (renforcer leurs compétences) à partir de leurs expériences actuelles – dans la perspective d’aider les jeunes à réduire les inégalités sociales. Des pistes à considérer incluent: partir des besoins des jeunes, de là où ils sont rendus; favoriser l’intervention individuelle et collective; intervenir à plusieurs niveaux; s’occuper de tous.tes les jeunes: cibles, auteur.e.s, témoins; créer des espaces collectifs sécuritaires pour les jeunes…
À partir des diverses MISES EN SITUATIONS, voici des éléments à retenir
1. Le positionnement de l’intervenant.e
Tendance à vouloir «intervenir» ou «donner des conseils» vs mettre le.s jeune.s au centre. Aider les jeunes à trouver leurs propres réponses et comprendre qu’on n’est qu’une personne dans leur vie. Avoir une pratique réflexive.
2. Clarifier et évaluer la situation des jeunes
La cyberviolence se situe à l’intérieur d’une dynamique générale de contrôle/violence qui est souvent un prolongement d’interactions vécues par les jeunes en dehors du cyberespace.
3. Développer une pensée et une pratique capables de capter des témoignages de cyberviolence quand ils sont amenés dans l’informel et de façon indirecte.
4. Aider les jeunes à développer un regard réflexif sur leurs stratégies et leurs compétences actuelles, ou à développer, pour faire face à la cyberviolence.
Questions types à poser: Si c’était en face à face qu’est-ce que tu ferais? Qu’est-ce qui a fonctionné ou n’a pas fonctionné dans le passé (dans cette dynamique ou dans d’autres)?
Explorer la compréhension de l’efficacité des stratégies. Pourquoi est-ce différent ici?
Trop souvent on peut avoir tendance à vouloir rapidement identifier ce que le.la jeune nous amène comme étant de la violence et à dénoncer celle-ci. «Ce que tu décris est de la violence, ce n’est pas correct et tu n’es pas obligé.e de la subir» sans avoir aidé le.la jeune à faire sa propre démarche et à explorer son malaise, les émotions que cela provoque. Les jeunes savent que ça les dérange sans toujours être en mesure de comprendre pourquoi. Il pourrait être pertinent d’explorer en groupe comment un texto, par exemple, peut être interprété de différentes façons selon nos valeurs, notre positionnement et nos expériences.
D’ailleurs l’étiquetage de quelque chose comme «violent» est très chargé et peut amener une fermeture de la part des jeunes. Ça coupe la possibilité d’explorer les dynamiques en jeu ou les intentions derrières des comportements, par exemple. Pour briser une dynamique de violence, les questions suivantes peuvent nous permettre d’explorer plus loin : «Qu’est-ce que tu comprends de ce message? Qu’est-ce que tu trouves dérangeant? As-tu envie d’y répondre? Tu n’es pas obligé.e de répondre.»
Dans des situations d’amitié ou de couple, il faut explorer le rapport avec l’autre et comment il s’insère dans la vie des jeunes. Sinon, l’intervenant.e risque de se trouver dans un positionnement moral («tu devrais le.la quitter, tu n’étais plus censé.e voir cette amie») et les jeunes se sentent jugé.e.s. On pourrait plutôt demander «Comment ça se passe maintenant?» afin d’avoir la perspective du/de la jeune sur la situation et vérifier si une dynamique de contrôle/violence existe encore. Il faut s’intéresser aussi à l’auteur.e de la violence qui est une personne importante pour le jeune et non seulement un.e agresseur.e.
5. S’assurer que les jeunes ont les ressources adéquates
Souvent les jeunes arrivent en crise – mais il y a un passé à ce qui se passe et peut-être d’autres personnes déjà impliquées. Comment les autres réagissent. Banalisation? Soutien? Au besoin, faire des scénarios de protection.
On peut également référer les jeunes à www.jeunessejecoute.ca pour obtenir du soutien. Et d’autres sites tel www.cyberaide.ca, un site web où l’on peut, de façon anonyme, signaler la pornographie juvénile, les leurres, de la distribution à un enfant de matériel sexuellement explicite, etc.
6. Favoriser aussi l’aide mutuelle et orienter vers des espaces informels sécuritaires
On peut également référer les jeunes à www.jeunessejecoute.ca pour obtenir du soutien. Et d’autres sites tel www.cyberaide.ca, un site web où l’on peut, de façon anonyme, faire des signalements de la pornographie juvénile, de leurres, de la distribution à un enfant de matériel sexuellement explicite, etc.