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Module 3 – Comment intervenir

Points à retenir des mises en situation

Il n’y a pas d’intervention unique, il y a dans l’intervention une multitude de considérants. On se rappelle que:

L’intervention face à la cyberviolence ne diffère pas de celle face aux autres enjeux, notamment la violence. Donc on peut faire appel à nos outils d’intervention existants. Cette formation vise à renforcer la capacité des intervenant.e.s d’intervenir (renforcer leurs compétences) à partir de leurs expériences actuelles – dans la perspective d’aider les jeunes à réduire les inégalités sociales. Des pistes à considérer incluent: partir des besoins des jeunes, de là où ils sont rendus; favoriser l’intervention individuelle et collective; intervenir à plusieurs niveaux; s’occuper de tous.tes les jeunes: cibles, auteur.e.s, témoins; créer des espaces collectifs sécuritaires pour les jeunes…

À partir des diverses MISES EN SITUATIONS, voici des éléments à retenir

1. Le positionnement de l’intervenant.e
Quelle est votre posture face à la cyberviolence? Personnellement? Organisationnellement?

 

Tendance à vouloir «intervenir» ou «donner des conseils» vs mettre le.s jeune.s au centre. Aider les jeunes à trouver leurs propres réponses et comprendre qu’on n’est qu’une personne dans leur vie. Avoir une pratique réflexive.

2. Clarifier et évaluer la situation des jeunes
Compétence à acquérir: être en mesure de cerner la cyberviolence et sa dynamique, ses formes et la manière qu’ils s’insèrent concrètement dans la vie des jeunes. Est-ce la cyberviolence? De quel type de violence s’agit-il ou dans quelle dynamique se situe-t-elle? Par exemple, on peut explorer avec les jeunes le contexte au-delà de ce qui est écrit dans un texto ou sur Facebook. Comment est-ce que la situation est arrivée?

La cyberviolence se situe à l’intérieur d’une dynamique générale de contrôle/violence qui est souvent un prolongement d’interactions vécues par les jeunes en dehors du cyberespace.

3. Développer une pensée et une pratique capables de capter des témoignages de cyberviolence quand ils sont amenés dans l’informel et de façon indirecte.
Il faut savoir rapidement à quoi on a affaire. Est-ce situationnel? Éviter une tendance à dramatiser la situation ou à y répondre rapidement sans avoir fait toute l’évaluation.
4. Aider les jeunes à développer un regard réflexif sur leurs stratégies et leurs compétences actuelles, ou à développer, pour faire face à la cyberviolence.
Les jeunes possèdent ou peuvent acquérir des compétences.

Questions types à poser: Si c’était en face à face qu’est-ce que tu ferais? Qu’est-ce qui a fonctionné ou n’a pas fonctionné dans le passé (dans cette dynamique ou dans d’autres)?

Explorer la compréhension de l’efficacité des stratégies. Pourquoi est-ce différent ici?

Trop souvent on peut avoir tendance à vouloir rapidement identifier ce que le.la jeune nous amène comme étant de la violence et à dénoncer celle-ci. «Ce que tu décris est de la violence, ce n’est pas correct et tu n’es pas obligé.e de la subir» sans avoir aidé le.la jeune à faire sa propre démarche et à explorer son malaise, les émotions que cela provoque. Les jeunes savent que ça les dérange sans toujours être en mesure de comprendre pourquoi. Il pourrait être pertinent d’explorer en groupe comment un texto, par exemple, peut être interprété de différentes façons selon nos valeurs, notre positionnement et nos expériences.

D’ailleurs l’étiquetage de quelque chose comme «violent» est très chargé et peut amener une fermeture de la part des jeunes. Ça coupe la possibilité d’explorer les dynamiques en jeu ou les intentions derrières des comportements, par exemple. Pour briser une dynamique de violence, les questions suivantes peuvent nous permettre d’explorer plus loin : «Qu’est-ce que tu comprends de ce message? Qu’est-ce que tu trouves dérangeant? As-tu envie d’y répondre? Tu n’es pas obligé.e de répondre.»

Dans des situations d’amitié ou de couple, il faut explorer le rapport avec l’autre et comment il s’insère dans la vie des jeunes. Sinon, l’intervenant.e risque de se trouver dans un positionnement moral («tu devrais le.la quitter, tu n’étais plus censé.e voir cette amie») et les jeunes se sentent jugé.e.s. On pourrait plutôt demander «Comment ça se passe maintenant?» afin d’avoir la perspective du/de la jeune sur la situation et vérifier si une dynamique de contrôle/violence existe encore.  Il faut s’intéresser aussi à l’auteur.e de la violence qui est une personne importante pour le jeune et non seulement un.e agresseur.e.

5. S’assurer que les jeunes ont les ressources adéquates
Il est bon de vérifier avec les jeunes à qui d-autres ils-elles peuvent faire confiance. Vérifier pourquoi on amène cette situation à l’intervenant-e à ce moment. Qu’est-ce qui a déjà été essayé pour la résoudre?

Souvent les jeunes arrivent en crise – mais il y a un passé à ce qui se passe et peut-être d’autres personnes déjà impliquées. Comment les autres réagissent. Banalisation? Soutien? Au besoin, faire des scénarios de protection.

On peut également référer les jeunes à www.jeunessejecoute.ca pour obtenir du soutien. Et d’autres sites tel www.cyberaide.ca, un site web où l’on peut, de façon anonyme, signaler la pornographie juvénile, les leurres, de la distribution à un enfant de matériel sexuellement explicite, etc.

6. Favoriser aussi l’aide mutuelle et orienter vers des espaces informels sécuritaires
On peut créer des moments libres dans l’agenda pour juste être ensemble de façon informelle et tisser des liens. Les intervenant.e.s sont là sans «intervenir» sur tout ce qui est dit. Cela peut être des activités comme le jardinage, la cuisine, etc.

 

On peut également référer les jeunes à www.jeunessejecoute.ca pour obtenir du soutien. Et d’autres sites tel www.cyberaide.ca, un site web où l’on peut, de façon anonyme, faire des signalements de la pornographie juvénile, de leurres, de la distribution à un enfant de matériel sexuellement explicite, etc.